Juliette Drouet lithographiée par Alphonse-Léon Noël, 1832

Au 14 rue Sainte-Anastase, de 1836 à 45 et au 12 de 1845 à 48, à quelques centaines de mètres de la place des Vosges, a vécu la muse et amante de Victor Hugo, Juliette Drouet née Julienne Gauvain.

Plaque indiquant le lieu d’habitation de Juliette Drouet entre 1806 et 1883, rue Sainte-Anastase

C’est en 1833, à l’occasion des répétitions de Lucrèce Borgia, qu’Hugo fait la connaissance de l’actrice. A ce moment-là, elle vit rue des Tournelles. Puis rue de l’Echiquier et rue de Paradis-au-Marais.

Elle mène un bon train de vie et est une actrice courtisée. Le coup de foudre entre cette belle brune aux yeux immenses et l’écrivain vedette est immédiat. Soirée mondaine immortalisée dans un des poèmes des Voix intérieures : « tu ne l’avais pas vue encor/ ce fut un soir, à l’heure où dans le ciel les astres se font voir/ qu’elle apparut soudain à tes yeux, fraîche et belle … ».

Juliette Drouet dans le rôle de la princesse Negroni. Portrait peint par Charles-Émile Callande de Champmartin.

S’ensuit une passion amoureuse et le triptyque mari-amant-maîtresse, pendant laquelle Juliette vit dans le voisinage direct, jusqu’au décès d’icelle en 1883. Tout au long de leur relation, elle espère que Victor Hugo lui confie des premiers rôles. Au contraire, il l’amène à renoncer au théâtre pour devenir l’ombre de son ombre, folie rythmée par des poèmes enflammés et une correspondance fiévreuse.

Il lui dit : « j’ai tété ma mère qui a été ma nourrice ; j’ai bu ton âme sur tes lèvres et tu as été aussi ma nourrice, car tu m’as rempli d’idéal ». Elle quitte tout pour lui, ses amants et protecteurs, un prince russe, rejoint un modeste appartement rue Sainte-Anastase où elle se soumet à toutes ses exigences et accepte plus ou moins facilement ses liaisons parallèles. Chaque soir, après le spectacle, il vient la rejoindre.

Elle relit ses manuscrits, et par sa condition d’orpheline, lui inspire le personnage de Causette dans les Misérables. N’est-elle pas au fond la femme de sa vie ? Juju et Toto, une histoire hors norme. « Tu es mon dieu et mon amant », « (…) une guerrière de cœur comme j’en suis une », lui écrit-elle, assujettie à l’injonction de lui adresser deux billets doux par jour. Il lui promet de l’emmener en voyage, elle attend.

Portrait de Victor Hugo par Étienne Carjat, Maison de Victor Hugo, 1873

Il lui assure qu’elle jouera le rôle d’une reine, elle attend. Sa façon à lui de l’aimer, ce sera de faire en son honneur le salon chinois et la salle à manger d’inspiration moyenâgeuse de la maison de la place des Vosges anciennement Place Royale. Décor conçu pour la maison de Juliette à Guernesey.

Le 2 décembre 1851, lors du coup d’état, Juliette cache Victor Hugo de la police de Bonaparte et lui permet de filer sous une fausse identité.

Elle parvient à faire sortir de France la malle contenant ses manuscrits et le rejoint dans son exil d’abord en Belgique, ensuite dans les îles anglo-normandes.

Si elle ne fut pas la seule femme de sa vie, elle fut son amante, sa muse, son âme sœur durant cinquante ans.

Le salon chinois de la Maison Victor Hugo

Texte : Valérie Rodrigue

12.04.24

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