La mobilisation a payé. Dans le Marais, la mobilisation conjointe des parents d’élèves, des enseignants et de la mairie a permis d’empêcher la fermeture de deux classes menacées de fermetures.

Pendant des semaines, treize pétitions, poussées par les délégués des parents d’élèves de 18 écoles, ont circulé dans le quartier : signées par plus de 5 500 personnes, elles ont contribué au sauvetage d’une classe à la maternelle Turenne et d’une à l’école élémentaire des Vertus.

Pour les parents d’élèves, c’est un motif de satisfaction. Mais ce n’est pas une victoire. Ils ont gagné une bataille, mais ils n’ont pas gagné la guerre. Car une douzaine d’écoles de Paris Centre vont effectivement perdre une classe chacune à la rentrée prochaine.

Quoi qu’il en soit, le pire a été évité. Fin mars, la présentation de la nouvelle carte scolaire parisienne prévoyait la fermeture de pas moins de 178 classes à la rentrée 2025. Un chiffre ultérieurement ramené, début mai, à 164 fermetures (pour 23 ouvertures). Pour les quatre premiers arrondissements parisiens, c’étaient 13 écoles sur les 32 qui étaient visées.

En cause, d’après le rectorat, des effectifs qui diminuent. Certes, la baisse démographique est réelle à Paris : entre 2021 et 2024, la capitale a perdu 45 000 habitants. Toutefois, à Paris Centre, la population des 2e et 4e arrondissements a augmenté entre 2016 et 2022.

Et en termes d’effectifs, la problématique parisienne des écoles primaires est très spécifique, notamment en raison de la diversité de sa population : « Avec 20,7 élèves par classe, les effectifs moyens sont légèrement en dessous de la moyenne nationale (21,9), mais Paris est la ville qui a le plus d’écoles en réseau d’éducation prioritaire (REP) », avance Natalia Fernandez-Zydownik, mère d’Alicia, 6 ans, scolarisée en CP à l’école élémentaire des Vertus (3e). « Or, d’après la loi, les effectifs en REP sont censés être moins importants que ceux des classes ordinaires. Pointer du doigt des effectifs plus faibles est une rhétorique qui veut opposer Paris au reste de la France, et faire passer la capitale pour privilégiée. »

Or à Paris Centre, où, comme ailleurs, les enseignants mettent l’accent sur l’inclusion, des enfants des résidents de centres d’hébergement d’urgence côtoient ceux des « CSP + ». À l’école élémentaire des Vertus (3e), près du métro Arts-et-Métiers, les enfants ukrainiens arrivés en cours d’année sont intégrés dans les classes ordinaires. « Les évaluations de l’école des Vertus sont excellentes. Elles démontrent les effets positifs de l’accueil d’enfants nouvellement arrivés en France pour l’ensemble de la communauté scolaire », pointe Karine Barbagli, première adjointe en charge des Affaires scolaires.

À l’école de Turenne (3e), dans la rue du même nom, un « pôle enseignement jeunes sourds » permet aux jeunes sourds d’être scolarisés dans une classe mixte sourds/entendants, avec des cours dispensés par une enseignante entendante et une co-enseignante spécialisée. Un dispositif unique à Paris – et très rare en France. L’école accueille aussi des enfants entendants nés de parents sourds (comme Louane dans le film « La Famille Bélier ») et propose aux entendants des ateliers de sensibilisation à la langue des signes. Une formidable initiative !

Autre exemple : l’école Saint-Martin (3e), rue Saint-Martin, comprend une « unité d’autistes » très bien intégrée au système général. Dans cette école, la fermeture d’une classe ordinaire perturbera l’organisation de l’établissement et mettra en danger les temps d’inclusion, si nécessaires et bénéfiques, où autistes et non-autistes partagent des moments ensemble. Ces cas particuliers ne sont pas pris en compte par le rectorat, qui s’en tient à une logique comptable aveugle, avec des seuils qui régissent l’ouverture et la fermeture de classes. Lorsqu’un seuil est atteint, la mécanique se met en branle, sans égard pour les réalités du terrain.

Paris Centre est aussi riche de classes « bilangues » et de classes « à horaires aménagés musique », les fameuses « CHAM », ou encore de l’Académie des langues, rue Cambon (2e), qui reçoit des élèves de maternelle grande section, CP, CM2 et 6e pour une semaine d’enseignement en anglais. Pour Marie Horville, secrétaire du SNUIDP FO, quelles que soient les classes, c’est une vraie folie de vouloir en fermer : « C’est évidemment plus simple et plus efficace d’enseigner quand les effectifs sont réduits, l’exemple d’autres pays européens nous le montre », insiste-t-elle.

À la mairie de Paris Centre (1er, 2e, 3e, 4e), la première adjointe Karine Barbagli, en charge des Affaires scolaires, conclut : « Jusqu’à présent, nous avions réussi à négocier les fermetures au cas par cas, en fonction de la situation de l’école. Mais cette année, il y a eu très peu de négociations possibles. »

Texte : Véronique Pierré

23.05.25

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