Couvreur zingueur parisien au Compagnons du Devoir, © Jules Despretz
Sur ce chantier pharaonique et prodigieux de la résurrection de Notre-Dame, les Compagnons du Devoir ont apporté leur immense savoir-faire ancestral pour reconstruire la charpente et restaurer la cathédrale, chef-d’œuvre du patrimoine mondial.
Ainsi, les Compagnons du Devoir charpentiers ont joué un rôle crucial dans la reconstruction de la charpente en bois, surnommée la « forêt » en raison de sa complexité. Les tailleurs de pierre et les couvreurs, eux aussi, ont été particulièrement sollicités pour consolider ou reconstruire la structure principale de la cathédrale.

Menuisier au Compagnons du Devoir
C’est que la tradition a du bon. En témoigne leur modèle unique de formation : dès l’âge de 15 ans, les apprentis s’engagent dans un parcours alliant initiation aux techniques, éducation humaine et enseignement historico-culturel. Le parcours des compagnons repose sur trois piliers – l’apprentissage, la vie en communauté et le célèbre Tour de France – qui permet de former des ouvriers polyvalents et hautement qualifiés dans une trentaine de métiers : maçon, charpentier, couvreur, tailleur de pierre, serrurier, ébéniste, etc.
Pour accéder au titre convoité de « compagnon », les aspirants doivent faire preuve d’un engagement sans faille. Après une période d’affiliation, ils entament leur Tour de France, voyage initiatique qui peut durer plusieurs années. L’aboutissement de ce parcours est la réalisation d’un chef-d’œuvre, pièce de « réception » de « fin d’étude » témoignant de leur maîtrise technique et de leur créativité.

Chloé, aspirante peintre, travaillant sur un papier peint à la planche, un savoir-faire datant de plusieurs siècles, © Plumecocq @atelierdoffard
Le voici donc à la tête de cette institution séculaire, véritable confrérie qui compte 100 compagnons. Plombier de formation, il a commencé son parcours à 15 ans, suivant les traces de son frère aîné. Son Tour de France l’a mené de Reims à l’île de la Réunion en passant par La Rochelle et Saint-Étienne.
« Nous prenons tous nos repas ensemble dans notre grande salle à manger, passons du temps dans la salle de détente, où trône un canapé fabriqué par une compagnonne. Ici, c’est un peu Poudlard ! », raconte Lucas Raguin dans une clin d’oeil à Harry Potter. « En France, nous possédons des savoir-faire artisanaux incroyables », s’enthousiasme-t-il. « Mais on fixe des délais trop courts et des prix trop bas pour la qualité du travail fourni. Nous manquons de moyens », regrette-t-il.
En attendant que les choses changent, le Tour de France des Compagnons continue. D’un projet au suivant, d’un pays à l’autre, les compagnons continuent d’éblouir par leur art du détail et leur goût du travail précis. Des portes ouvertes sont organisées régulièrement. Poussez la porte des Compagnons du devoir. Après leur médiatisation lié à la rénovation de Notre-Dame, ils ne demandent pas mieux que de vous en apprendre davantage.

Métier du goût (pâtisserie, boulangerie…) au Compagnon du Devoir, © AOCDTF/ Florent Pottier / Sarah Mineraud
Texte : Katia Barillot
26.02.25