Parisiennes citoyennes !, musée Carnavalet, photo : Axel G.

Voici une exposition qui mettra tout le monde d’accord : les féministes de l’école Élisabeth Badinter, les néoféministes tendance Sandrine Rousseau et, même, les féministes contrariés qui se croient parfois antiféministes. Sans oublier – on allait les oublier – les hommes. Il y a quelque chose d’implacablement factuel dans « Parisiennes citoyennes, engagements pour l’émancipation des femmes », formidable exposition retrace « la longue marche » de l’autre sexe de 1789 à nos jours (au musée Carnavalet, dans le Marais, à Paris, jusqu’au 29 janvier 2023).

Conçue de façon chronologique, elle présente des documents, des photos, des affiches, des sculptures, des tableaux, des vidéos et même un fascinant extrait de film muet et misogyne (à moins que…) des années 1910 qui imagine l’enfer de la vie masculine si les rôles des hommes et des femmes étaient inversés.

Parisiennes citoyennes !, musée Carnavalet, photo : Axel G.

La visite commence par un exemplaire original du Code civil Napoléon de 1804 ouvert à la page « Des droits et des devoirs respectifs des époux ». Après le traditionnel « la femme doit obéissance à son mari » (article 213), on apprend aussi que « la femme adultère sera condamnée à la réclusion dans une maison de correction, pour un temps déterminé, qui ne pourra être moins de trois mois, ni excéder deux années » (article 298).

Juste à côté : un projet de loi (jamais voté) portant sur « l’interdiction d’apprendre à lire aux femmes. » Et aussi, ce manifeste visant à empêcher la pratique du travestissement, lié au fait que certaines femmes se déguisait en homme pour pouvoir jouir des mêmes libertés qu’eux (comme en Afghanistan aujourd’hui). En 1895, le combat féministe passe par le vélo : les femmes revendiquent le droit de porter une culotte de bicyclette (un exemplaire d’époque se trouve en vitrine), nettement plus pratique que la robe pour circuler sur deux roues.

Parisiennes citoyennes !, musée Carnavalet, photo : Axel G.

L’exposition évoque le parcours de nombreuses femmes libres, pionnières de leur propre cause : la sculptrice Camille Claudel, Mme Petit, première femme avocate ou encore Séverine, reporter à La Fronde, journal édité par une équipe exclusivement féminine, Simone Veil, Simone de Beauvoir, etc. L’entre-deux-guerres fait la place belle aux coups d’éclat de Louise Weiss dont l’agit-prop passe, en 1936, par l’interruption de la circulation du Royale (ce qui crée un sacré embouteillage) et l’envahissement du champ de courses lors du Grand Prix à Longchamp.

Plus loin, un journal ironie sur « tout ce que, en France, une femme ne peut pas faire » : « voter à une élection, obtenir un passeport sans autorisation, s’habiller en homme, rendre justice, remplir de hautes fonctions, quitter le domicile conjugal ». Et le journal de conclure « Mais elle pourrait être guillotinée… »

Il est aussi question du « MLF » (mouvement de libération de la femme) des années 1970 et de mille autres épisodes dans cette fresque réjouissante et pleine d’optimisme qui dessine une épopée.

Parisiennes citoyennes
Musée Carnavalet
23, rue de Sévigné, 75003 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Fermés les lundis.
Tél : 01 44 59 58 58

Parisiennes citoyennes !, musée Carnavalet, photo : Axel G.

Texte : Axel G. – Instagram

21.10.22

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