Impossible d’évoquer Le Marais sans penser à la fameuse rue des Rosiers, l’une des plus connues du quartier. Symbole de l’histoire juive du Marais, elle se trouve au cœur du Pletzl (« petite place », en yiddish).

L’emplacement exact de cette place reste inconnu. Pour certains, elle se situe à l’emplacement du métro Saint-Paul ; pour d’autres, de la rue des Francs-Bourgeois et la rue de Rivoli.

Quoi qu’il en soit, cette artère doit son nom au tracé du mur d’enceinte de Philippe Auguste en contrebas duquel poussaient des rosiers.

Dès le XIIIème siècle la communauté juive trouve l’hospitalité en France et à Paris elle vit dans Le Marais.

Comme on le sait, la France est le premier pays d’Europe à reconnaître les personnes de confession juive en tant que citoyens à part entière, leur octroyant tous les droits civiques.

Synagogues, écoles confessionnelles et commerces casher s’assemblent et ressemblent à un petit Shtelt (village).

Puis par vagues successives les juifs ashkénazes fuyant les pogroms et les persécutions arrivent, en 1881, puis en 1900 jusqu’en 1914  de Roumanie, Autriche-Hongrie ou Russie. Encore une fois, c’est dans le Marais qu’ils s’ancrent.

L’expression yiddish « Men ist azoz wie Gott in Frankreich », c’est-à-dire « Heureux comme Dieu en France » (souvent traduit par heureux comme un Juif en France) se popularise.

Toutefois, Le Marais est un quartier insalubre, où prospèrent la pauvreté et la tuberculose. Après la Seconde guerre mondiale, des îlots entiers d’immeubles doivent être détruits.

Le plan de sauvegarde et de réhabilitation du Marais lancé par le ministre de la Culture André Malraux, en 1962, permet de sauver le quartier, qui échappe à la destruction.

Rue des Rosiers et ailleurs, des immeubles anciens, habités par des familles modestes, sont restaurés. Non loin du quartier juif, la restauration de l’Hôtel Salé dans les années 1970, puis l’ouverture du Musée Picasso en 1985, redynamisent le quartier.

Entre temps, au n°7, l’attentat terroriste de la rue des Rosiers, perpétré contre le restaurant Goldenberg, le 9 août 1982, cause la mort de six personnes. Vingt-deux autres sont blessées. Attribué à la mouvance terroriste palestinienne, ce massacre bouleverse la France.

Dans les années 1990, la sociologie évolue. Les épiceries, poissonneries et les librairies ferment et sont remplacées par des boutiques de prêt-à-porter branchées. 

« Gentrifié », le quartier perd certes un peu de son âme mais il attire toujours les touristes du monde entier. Car il conserve la mémoire d’une culture yiddish avec ses dernières devantures anciennes. Préservées elles perpétuent la mémoire du quartier.

D’ailleurs il est encore possible de trouver les meilleurs mets traditionnels, comme les apfel strudels (à la pâtisserie Finkelstajn), les hallots (brioches tressées pour le Shabba chez Murciano) et les falafels (L’As du falafel).

Résidant du quartier et professionnel de l’immobilier (Agence des Enfants rouges), Philippe Gaudry recommande trois institutions :  les deux boucheries de la rue des Ecouffes qui se font face aux numéros 6 et 7 de la rue l’une pour sa viande persillée, l’autre pour ses charcuteries et bien sûr le restaurant Marianne, célèbre pour sa cuisine d’Europe centrale.

Texte : Clara Mendy
Photos  : ©Katia Barillot

POUR LES PASSIONNÉS D’HISTOIRE

Rue Vieille-du-Temple : le fabuleux chantier redémarre

Rue Vieille-du-Temple : le fabuleux chantier redémarre

Un hôtel de luxe verra le jour à l’issue des travaux. Au rez-de-chaussée, les anciennes écuries et remises à voiture accueilleront le restaurant sur la grande cour, tandis que la première cour, sur la rue Vieille-du-Temple, retrouvera deux commerces dans la continuité de son aménagement au 19e siècle.

Le festival du Marais, une fabuleuse histoire

Le festival du Marais, une fabuleuse histoire

Le Festival du Marais remonte à un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Pourtant cet événement artistique de premier plan fut longtemps l’un des rendez-vous culturels les plus courus de la capitale. Pendant un quart de siècle, de 1962 à 1987, ce festival unique en son genre…

EN CE MOMENT SUR LE MARAIS MOOD

Les meilleurs salons de tatouages du Marais

Les meilleurs salons de tatouages du Marais

Le tatouage, pratique millénaire, a longtemps été l’apanage des repris de justice, des dockers, de la pègre et des marins. S’il s’est démocratisé, touchant désormais tous les profils et concernant un français sur cinq, dont 16% de femmes contre 10% d’hommes, il reste encore tabou en raison de son caractère définitif et transgressif.

Piccola Mia, les pizzas de la République

Piccola Mia, les pizzas de la République

Sur la place de la République vient d’ouvrir une brasserie aux accents italiens, qui a rapidement fait oublier l’ancienne Pizza Pino. Bienvenue chez Piccola Mia, fruit de la rencontre joyeuse entre le chef Italien Denny Imbroisi, le pizzaïolo Julien Serri et le mixologue Matthias Giroud qui signe une carte de cocktails créative.