Quai de la Seine, le lecteur, Paris, 1957. © Adolfo Kaminsky (g.) – Le libraire, Paris, 1948. © Adolfo Kaminsky (dr.)
Résistant et faussaire. L’incroyable destin d’Adolfo Kaminsky est connu depuis que sa fille Sarah, l’a révélé au monde à travers un livre passionnant en 2009, Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire (chez Calmann-Lévy).
Né en 1925 en Argentine dans une famille juive, ce dernier grandit en Normandie, se passionne pour la chimie et les encres, et se spécialise, à Paris, dans la fabrication de faux papier pendant l’Occupation.
Dès l’âge de 17 ans, il permet à de nombreux juifs d’échapper aux persécutions. Après la Seconde guerre mondiale, il s’engage en faveur de la décolonisation et poursuit son « art » clandestin pendant trente ans, pour différents mouvements de libération, surtout en Algérie et dans le reste du continent africain, et pour des personnes opprimées par des dictatures, notamment en Amérique du Sud.
Enfant à la fontaine, Paris, 1948. © Adolfo Kaminsky
Toujours, il s’interdit d’être payé. En 1971, il fabrique son dernier faux papier, et met un terme définitif à cette activité.
Le musée d’art et d’histoire du judaïsme (mahJ) a rendu hommage en 2019 à cette figure singulière et méconnue de la Résistance. On découvre alors qu’il est aussi un photographe dont l’œuvre est longtemps restée ignoré en raison de ses engagements, de sa discrétion naturelle et son existence en partie clandestine.
Après la Libération, il réalise pourtant des milliers de clichés, offrant un regard en clair-obscur sur le monde et le Paris des années.
Ce qui l’intéresse, c’est le populaire. Des puces de Saint-Ouen aux néons de Pigalle, il saisit avec simplicité les regards et les silhouettes parisiennes.
Le poinçonneur, 1955 © Adolfo Kaminsky
Ses instantanés qui se confondent avec la recherche de la vérité. On peut, ces jours-ci, se délecter des images de notre étonnant contemporain, aujourd’hui nonagénaire.
Elles sont accrochées – comme il se doit pour un photographe de rue – dans la rue, sur les trois côtés des grilles de la mairie de Paris Centre (l’ancienne mairie du 3e) jusqu’au 26 février. Il faut prendre le temps de s’y arrêter. Et, avec Kaminsky, se replonger dans ce Paris perdu. Si loin et pourtant si proche.
Mairie Paris Centre
2 rue Eugène Spuller 75003, Paris
Du lundi au vendredi de 8h30 à 17h
Le samedi de 9h à 12h30
Tél : 01 87 02 61 00
Adolfo Kaminsky, faussaire et photographe – © Mairie de Paris Centre
Texte : Katia Barillot
13.01.22
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