Toutes les traces de sa présence ont été effacées, mais Louis XVI (exécuté le 21 janvier 1793, voilà exactement 226 ans aujourd’hui) a passé les derniers jours de sa vie dans Le Marais. Plus exactement dans le sinistre donjon du Temple, partie intégrante de l’enclos du Temple, construit par les Templiers sous Saint-Louis à partir de 1240.
Entièrement détruit, celui-ci se situait grosso modo à l’emplacement de l’actuel square du Temple tandis que le robuste donjon médiéval, impressionnant avec ses cinquante mètres de hauteur, se dressait à quelques mètres de l’actuelle mairie du 3e arrondissement, rue Eugène Spuller, là où des gamins du quartier jouent aujourd’hui au football sans se douter à quel point leur terrain de jeu est chargé d’histoire.

La détention de la famille royale dans ce qui est aujourd’hui un quartier fashion et tendance commence le 13 août 1792. Un mois plus tard, Louis est séparé de sa famille. Il est installé, dans un confort relatif, au deuxième étage de la Grande tour, où il occupe quatre pièces aux fenêtres grillagées et obstruées. Les murs sont recouverts de tissu jaune.
Marie-Antoinette et les enfants occupent le troisième étage où les murs sont tapissés de vert. Lors de son procès, l’année suivante, l’Autrichienne fait l’objet de calomnies odieuses : elle est accusée de s’être livrée à des actes de pédophilie sur son fils Louis XVII durant sa détention au Temple ! En réalité, la dignité des prisonniers royaux aura été exemplaire de bout en bout.
Le 21 juillet 1793, Louis Capet, c’est-à-dire Louis XVI, est conduit sur l’échafaud, place de la Révolution (aujourd’hui de la Concorde). En août la « Veuve Capet » est transférée à la Conciergerie sur l’ile de la Cité, guillotinée à son tour au même endroit que son mari, le 16 octobre, après un procès inique.
Le dauphin Louis XVII, tuberculeux, meurt à l’âge de 10 ans dans son cachot du Temple en juin 1795 après trois années de captivité.

Louis XVI à la Tour du Temple, Jean-François Garneray (1755–1837)
Aujourd’hui, il ne reste rien de cette histoire tragique. En 1808, Napoléon ordonne la destruction du Temple, afin d’éviter qu’il ne devienne un lieu de pèlerinage pour les monarchistes. Hormis un square et le nom d’une station de métro, Temple, il ne reste aucune trace de l’ancien site.
Rue Eugène Spuller, devant la mairie, des pavés argentés signalent toutefois l’emplacement de la Tour du Temple. A l’angle des rues Dupetit-Thouars et Gabriel Vicaire, sur le mur d’enceinte d’une école maternelle, un plan du quartier permet de mieux comprendre la disposition des bâtiments à l’époque prérévolutionnaire. De ce passé, les révolutionnaires et leurs successeurs ont fait table rase.

Le donjon du Temple de Paris dit « La grosse tour », ©Temple de Paris
Texte : Ella David et Axel G.
Photos : ©Anaïs Costet
Vidéo : ©Temple de Paris
21.01.19
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