Les meilleurs sandwichs du Marais

Le sandwich néo-urbain a-t-il détrôné le traditionnel jambon-beurre ? Gourmand, il se déguste avec les doigts à toute heure et partout, sur un banc, au bureau, dans la rue. On l’aime pour son petit prix et pour ses versions veggies de plus en plus variées. Le Marais regorge d’adresses plus inventives les unes que les autres. Certaines enseignes sont célèbres jusqu’en Chine. La rédaction a testé six adresses.

Bon appétit !

Imaginez un bon jambon cru espagnol tartiné d’oignon compoté, d’avocat, de tomate et de ciboulette, entre deux tranches de pain toasté. C’est le sandwich signature de chez Alain Miam Miam que l’on dévore été comme hiver. Plus estivale : la version veggie à l’amertume rafraîchissante.

Devant cette taverne naguère salon de thé, il y a toujours la queue pour dénicher une des vingt places assises ou repartir avec son repas à emporter. On vient de loin pour ces sandwichs, notoriété oblige. Même à 15 heures, c’est le rush. Le bouche à oreille fonctionne plein pot. On déboule de Chine, guide touristique sous le bras. Les Asiatiques, en plein jet lag, viennent dès 10 heures du matin. On accourt depuis la Nouvelle-Zélande, aussi, ce pays opposé à la France sur le plan du fuseau horaire.

Depuis vingt ans, Alain propose les mêmes recettes à succès. D’autant que chacun compose son sandwich à sa guise. Cinq légumes, deux fromages Comté ou Cantal, six garnitures de viandes, du pastrami du Pas-de-Calais, par exemple. Psychothérapeute dans une vie précédente, Alain est passé sans état d’âme des choses de l’esprit aux plaisirs des papilles.

Le sandwich veggie est à 13 euros 50, ajouter 2 euros pour la viande ou la truite fumée.

On la voit de loin, la façade bleue en céramique, classée au patrimoine. Depuis 36 ans, l’enseigne Florence Kahn, d’origine polonaise, fait découvrir le sucré et le salé de la culture yiddish. En terrasse, on se régale d’un sandwich au pastrami agrémenté de caviar d’aubergines, de caviar poivron, de tomates fraîches, de concombres et de cornichons. Le pain fait maison au pavot est inoubliable. Tout est casher, mais pas beth din.

Javier, le chef, teste chaque recette. Les aubergines sont-elles assez fumées ? La viande pas trop citronnée ? Les végétariens jettent leur dévolu sur la version accompagnée de houmous, d’aubergines grillées, de caviar de poivrons et bien sûr du trio gagnant tomates-concombres-cornichons. Les touristes sont friands de cette adresse, toutes générations confondues. Dans la queue, on croise un jeune avec son skate et une mamie à l’avant-bras tatoué qui est une rescapée de l’holocauste.

Situé en face de l’As du falafel, c’est une institution dont la presse chinoise, japonaise, espagnole, italienne se fait l’écho. Le veggie étant à la mode, il est même décliné version Pessah c’est à dire sans levain, mais avec la fécule de pomme de terre.

À quelle heure faut-il venir ? C’est le coup de feu du matin au soir, sachant qu’ici on reste ouvert le vendredi et le samedi. Le sandwich est à 7,90 euros.

« Benti », mot doux qui signifie « ma fille » en arabe tunisien. Dans cette enseigne de street food tunisienne ouvert en 2024, Abir, ex-chargée de production dans l’audiovisuel, et Yacine, ancien salarié du BTP, nourrissent les passants de fabuleux Makloub, ce sandwich de Tunis. Abir la rassembleuse, la gourmande, avait envie d’agrémenter un bout de trottoir parisien des bonnes odeurs de Tunisie, la harissa étant ici en option.

Ce sandwich tradi est fait d’une pâte pita/pizza, de viande, de mozzarella, de tomates, de poivrons grillés et d’oignons rouges. Sans oublier la sauce blanche. La version au filet de poulet mariné aux épices venues tout droit de Tunis, se dévore dans un panier de pique-nique en terrasse. Six recettes signature sont à la carte, sans oublier les sandwichs du moment, en alternance tous les 15 jours.

La clientèle ? Beaucoup de Tunisiens qui apprécient la citronnade à 3 euros, moins sucrée qu’au pays. Beaucoup de touristes, aussi, qui adorent la cuisine épicée. Le Sidi Bou avec le chawarma de poulet mariné et le Nabeul, deux sandwichs phare, s’arrachent dès 11 heures du matin. La viande provient du quartier ; les fruits et légumes, du marché. Possibilité de version vegan.

Le Makloub est à 8,90 euros. Avec la « batat » pomme de terre au four, il passe à 10,90 euros. Le Bardo, veggie, en référence à la ville Bardo à côté de Tunis est à 8,90 euros.

Passionnée de sandwicherie, Élodie nourrit le quartier depuis deux ans et demi toute seule aux manettes de Chez Élo. Des tables en formica, au milieu des bocaux, des ribambelles de saucissons, vous accueillent pour la dégustation de sandwichs du terroir dont le pain vient de chez Utopie dans le 11e. Habitués, employés de bureau, touristes, viennent dès le matin commander leur part à déguster au parc voisin. C’est la fête.

Quatre sandwichs, au menu, l’un au poisson (thon ou saumon), l’autre veggie qui change selon la saison et l’autre encore, au poulet sauce dijonnaise avec tome du Jura au piment d’Espelette. Un régal. Rien d’étonnant puisque Élodie ne travaille qu’avec des artisans « MOF » (meilleur ouvrier de France) et des produits de grande qualité. Le fromage arrive d’Indre-et-Loire et la charcuterie, des Pyrénées-Orientales. Le classique aux oignons caramélisés remporte un franc succès.

Addictif, le sandwich classique au beurre demi sel, jambon à l’os de la maison Champlain élu meilleur jambon de l’année 2023/2024, aux oignons caramélisés et au comté 24 mois affiné par un meilleur ouvrier de France (MOF Rodolphe Lemeunier).

Le veggie aux aubergines poêlées à l’échalote, courgettes snackées, oignons frits, tomme du Jura fumée affinée par un meilleur ouvrier de France, est tout aussi gourmand. Les deux sandwichs sont à 10,50 euros.

Dans cette échoppe rouge boucherie, on fabriquait autrefois des bijoux. De l’époque, il reste les coffres-forts. Laura, architecte italienne de la région de Florence, a rapporté de là-bas un savoir-faire ancestral. L’idée d’un commerce de bouche lui a trotté dans la tête dès qu’elle a posé le pied à Paris. Attachée à ses origines, elle fait venir la mozzarella et les légumes de Naples.

Chez Mmmozza..!, on a le choix entre sept sandwichs, deux avec mozza et roquette, avec de la charcuterie (formule Laura) ou en mode veggie (formule yaya). Le sandwich au fromage de brebis est un best-seller. La version veggie au pain ciabatta, roquette, mozza, mortadelle est savoureuse.

Pour le classique, la mortadelle s’invite entre les tranches de pain. Mais Laura est formelle : même avec un supplément, elle n’ajoutera pas de moutarde, de mayo ou de ketchup. Ici, c’est pas McDonald’s. L’idée est de déguster un sandwich comme à Florence, en terrasse ou au parc.

Evi Evane : à votre santé ! En grec ancien. Cette adresse toute en longueur, ouverte en 2022, propose des spécialités de Crète et de Péloponèse. En particulier des sandwichs typiques à base de pain pita. Le classique, Gyros, propose un éffiloché de porc français mariné aux épices, sauce tzatziki au yaourt grec, herbes, concombre et crudités.

Le sandwich veggie est savoureux (qui a dit que le végétarisme est triste?) et ressemble à une salade grecque. Tomates, concombres, oignons rouges, feta AOP de la famille Lytras à Larissa, origan grec, huile d’olive crétoise, sauce tzatziki au yaourt grec. Une institution depuis vingt ans, cette maison grecque familiale mise en orbite par deux sœurs Dina et Maria, originaire de Kyrtoni, village au nord d’Athènes.

Du duo, Dina est la cheffe et la plume, formée chez les plus grands, Ducasse, Lenôtre, etc. L’aventure se poursuit aujourd’hui avec les filles de Maria, Katerina et Stella. Prix 8 euros le sandwich, 12 euros en formule avec entrée ou dessert + boisson.