Le Tango

C’était « le Temps du tango » chantait Léo Ferré dans une sublime chanson (voir plus bas) parue en 1958 chez Odéon qui est une ode nostalgique à ce Paris d’avant-guerre si bien immortalisé par les photos nocturnes de Brassaï. C’était l’époque où les « apaches » (voyous parisiens) fréquentaient les bals musettes et les dancings pour danser au son d’un instrument vraiment « bath » (trop bien) : l’accordéon. L’un de ces lieux de divertissement se trouve dans le Marais et était menacé de disparition.

C’est donc un entier pan de l’histoire de la capitale qui vient d’être sauvé par le Ville de Paris dans une ruelle où l’on n’a guère de mal à visualiser mentalement la faune populaire qui s’y retrouvait au temps des films de Marcel Carné : les habitants du quartier et les forts des Halles, mêlés aux maquereaux et aux demi-mondaines tenant le pavé.

Après des années de discussions et d’incertitudes, la municipalité vient donc de confirmer le rachat, pour 6,7 millions, de l’immeuble de la rue au Maire (3e) qui abrite le Tango, devenu boîte de nuit gay en 1997. Au même titre que La Java, rue du faubourg du Temple (10e) ou le Balajo, rue de Lappe (11e), l’établissement est considéré comme un quasi-monument historique par les amoureux du Paris ancien.

Les huit appartements situés au-dessus seront convertis en logements sociaux. Le bâtiment de 4 étages – 343 m2 de surface habitable – va être loué par la Ville à Elogie-Siemp, l’un de ses bailleurs sociaux, pour 65 ans et un loyer capitalisé de 3,1 millions d’euros. Mais l’objectif était d’abord de sauver, dans le local commercial de 200 m2 situé au rez-de-chaussée, l’un des « plus anciens dancings de Paris », le Tango, « qui a fait danser toutes les fins de semaine les communautés LGBTQI+ » depuis 1997, avait expliqué le maire de Paris Centre, Ariel Weil.

Un article du Figaro précise : « Les travaux pour mettre aux normes le bâtiment – menuiseries, façade et couverture – vont donner à la mairie quelques mois pour « revoir le projet », a indiqué Jean-Luc Romero-Michel, adjoint aux droits humains également impliqué dans le projet. « L’idée est de garder un lieu festif LGBT » qui bénéficiera d’un « prix du loyer modéré », a-t-il ajouté. « Comme Léo Ferré, lui aussi trouve sans doute que « c’est bath, le Tango ».

Le Tango (La Boîte à Frissons)
11 – 13 Rue au Maire, 75003 Paris
Tél : 01 42 72 17 78

Le Temps du Tango (1958)

(Musique : Léo Ferré ; paroles: Jean-Roger Caussimon)

Moi je suis du temps du tango
Où mêm’ les durs étaient dingos
De cett’ fleur du guinch’exotique
Ils y paumaient leur énergie
Car abuser d’ la nostalgie
C’est comme l’opium… ça intoxique.
Costume clair et chemis’ blanch’
Dans le sous-sol du  » Mikado « 
J’en ai passé des beaux dimanches
Des bell’s venaient en avalanch’
Et vous offraient comm’un cadeau
Rondeur du sein et de la hanche…
Pour qu’on leur fasse danser l’ tango!…
Ces môm’s-là faut pas vous tromper
C’était d’ la bell’ petit’ poupée
Mais pas des fill’s ni des mondaines
Et dam’ quand on a travaillé
Six jours entiers, on peut s’ payer
D’un coeur léger… un’ fin d’ semaine…

Si par hasard et sans manièr’s
Le coup d’ béguin venait bientôt
Ell’s se donnaient c’était sincère
Ah! c’ que les femm’s ont pu me plair’
Et c’ qu’ j’ai plu!
J’étais si beau…
Faudrait pouvoir fair’ marche arrière…
Comme on l’fait pour danser l’tango!
Des tangos, y’en avait des tas
Mais moi j’ préférais  » Violetta « 
C’est si joli quand on le chante…
Surtout quand la boul’ de cristal
Balance aux quatre coins du bal
Tout un manèg’… d’étoil’s filantes

Alors c’était plus Valentin’
C’était plus Loulou, ni Margot
Dont je serrais… la taille fine…
C’était la rein’ de l’Argentin’
Et moi j’étais son hidalgo
Oeil de velours et main câline…
Ah c’ que j’aimais danser l’ tango!…
Mais doucement passent les jours
Adieu, la jeunesse et l’amour
Les petit’s môm’s et les « je t’aime… »
On laisse la place et c’est normal
Chacun son tour d’aller au bal
Faut pas qu’ ça soit… toujours aux mêmes

Le coeur, ça se dit:  » corazón « 
En espagnol, dans les tangos…
Et dans mon coeur… ce mot résonne…
Et sur le boul’vard, en automn’
En passant près du  » Mikado « 
Je n’ m’arrêt’ plus mais je fredonne:
C’était bath, le temps du tango…
C’était bath, le temps du tango.

Texte : Axel G.

11.11.21

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