By courtesy of Galerie Lahumière : Jean Dewasne sans titre ca. 1959.
Tout le monde le connaît mais personne ne le sait. Car sans lui le Centre Georges-Pompidou, ne serait pas bleu, vert et rouge ! L’anecdote vaut le détour : en 1970, Jean Dewasne, qui habite le Marais, rend visite aux architectes Renzo Piano et Richard Rogers, installés boulevard Sébastopol, à Paris. Ceux-ci lui présentent la maquette du futur centre culturel, qui est tout gris. Dewasne a une meilleure idée. Il les invite dans son atelier du Marais, rue du Bourg-Tibourg, où il a repeint tous les tuyaux de canalisation en couleur.
« Les architectes sont subjugués : ils abandonnent aussitôt la couleur grise initialement prévue afin de coloriser la tuyauterie du Centre Georges-Pompidou selon le style Jean Dewasne ! », raconte la galeriste Diane Lahumière qui consacre une exposition à cette figure majeure de l’abstraction géométrique et constructiviste.

Né en 1921 près de Lille, Dewasne (disparu en 1999) grandit dans un univers technique, aux côtés d’un oncle ingénieur, dont le bureau est encombré de plans. Adolescent, il est en outre fasciné par l’Exposition universelle de 1937, qu’il parcourt de long en large. Toute sa vie sera marquée par la modernité, la géométrie, les innovations. Imprégné, aussi, par les idées du Bauhaus, il démarre sa carrière d’artiste autour de 1945 dans un monde où tout est à réinventer. Ça tombe bien, Dewasne est un innovateur qui envisage l’art comme un champ d’expérimentation.
L’artiste, qui est aussi un excellent pianiste, jette son dévolu sur laques glycérophtaliques, une peinture industrielle qu’il applique sur l’aluminium et, plus tard, sur un nouveau matériau inaltérable, l’Isorel, puis sur le contreplaqué. Procédé éclatant, l’application de cette laque industrielle devient sa « signature », au même titre que ses couleurs : rouge, vert, bleu, blanc, noir et, plus rarement, jaune. « A un moment donné, certains le surnommaient même « le roi du Ripolin » ! », s’amuse affectueusement Diane Lahumière dont les parents, fondateurs de la galerie, étaient des proches de Jean Dewasne et, aussi, de Victor Vasarely – deux des autres « historiques » de la maison.

« Si Dewasne – qui représenta la France à la biennale de Venise 1968 aux côtés d’Arman, Kowalski et Schöffer – reste parfois méconnu, c’est peut-être parce que nombre de ses œuvres monumentales sont installées dans des lieux inaccessibles au public ou encore, à l’étranger », explique la galeriste de la rue du Parc-Royal. Ses fresques ornent en effet les parois intérieures de l’Arche de la Défense, les murs du lycée Jean-Vigo à Millau (Aveyron), des stations de métro à Rome et à Hanovre, ou encore la salle de rédaction de Politiken, le grand quotidien danois.
Jusqu’au 23 décembre 2021, l’exposition « Panoramas » présente une vingtaine d’œuvres de cet artiste singulier qui – comme l’explique la critique d’art Lydia Harambourg dans sa présentation de l’expo- a développé « un vocabulaire constitué de formes simples et évolutives, agencées selon des rythmes complexes dans un esprit baroque. » Avec Dewasne, la maîtrise technique rejoint toujours l’invention créative…
Galerie Lahumière – « Panoramas », par Jean Dewasne
17 Rue du Parc Royal, 75003 Paris
Tél. : 01 42 77 27 74

Texte : Axel G.
11.11.21
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