Paloma Vauthier – ‘Metanova’ exhibition view at Galleria Continua / Paris, 2022. Photo : Oak Taylor-Smith

« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », fait dire Pierre Corneille à Rodrigue, dans Le Cid. Mais la réplique s’applique aussi bien à Paloma Vauthier, plasticienne, photographe, actrice et vidéaste passée par l’école de cinéma Kourtrajmé. A seulement 19 ans, l’artiste surprend par sa maturité comme chacun le constatera à la Galleria Continua, à Paris, dans le Marais, qui lui a donné carte blanche jusqu’au 7 mai 2022.

Cette première exposition en solo s’appelle Metanova et il y est question de métamorphose et de transformation corporelle où chaque humain devient une créature augmentée, fantastique et cybernétique. Ainsi de l’œuvre disruptive Fric Show qui représente une spirale dans laquelle trois danseuses sont plongées dans l’univers des métavers, cet internet en 3D.

Paloma Vauthier – ‘Metanova’ exhibition view at Galleria Continua / Paris, 2022. Photo : Oak Taylor-Smith

Les Polaroids de Paloma Vauthier sont également troublants, avec leur pellicule retravaillée à la main qui procure un effet organique, entre réel et imaginaire. Le clou de l’expo est une époustouflante et courte performance (4 minutes) de pole dance, qui interroge le spectateur sur sa manière de consommer des images. Ainsi, tous les samedis à 17 et 18 heures, l’artiste enroule son corps de sylphide autour de la barre pour un moment hypnotique.

« Si c’est cette performance est aussi courte explique celle qui a précédemment exposé au Centquatre (19e), c’est parce que la pole dance est une discipline éprouvante. Soulever, et maintenir son corps autour de la barre verticale pour faire les figures désirées exige une grande force physique autant que mentale. »

Paloma Vauthier – ‘Metanova’ exhibition view at Galleria Continua / Paris, 2022. Photo : Oak Taylor-Smith

L’artiste a démarré cette discipline à l’âge de 15 ans, avec la volonté de provoquer mais en sachant que cette gymnastique revêt une dimension qui dépasse son image sulfureuse. « C’est un art, venu du monde du cirque, qui libère les femmes », dit-elle. Dans les années 1970, la pole dance a commencé à s’inscrire dans les lieux du cabaret, emmené par des femmes qui, à travers un spectacle érotique jouaient de leur corps, moyennant une contrepartie financière. Cela avait pour vertu de les rendre autonomes. « Je ne nie, évidemment, la charge érotique de la pole dance », dit l’audacieuse artiste qui n’a pas fini d’explorer l’art de la métamorphose.

PS : La Galleria Continua accueille aussi jusqu’au 1er juin, l’exposition Bonne nouvelles de Pascale Marthine Tayou, artiste plasticien que l’on ne présente plus.

Galleria continua
87 Rue du Temple, 75003 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Tél : 01 43 70 00 88 et 06 74 03 73 65 

Texte : Katia Barillot

24.04.22

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