Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, un mémorial a discrètement vu le jour, l’été dernier, au cœur de Paris. Il se trouve à l’arrière de l’Hôtel de Ville, devant l’église Saint-Gervais. Mais, au fait, à quoi servent les mémoriaux en général et à quoi sert ce mémorial en particulier ? A se recueillir, bien sûr. Mais aussi à transmettre une mémoire. Or pour atteindre cet objectif, ce type de lieu doit avant tout déclencher une émotion. Car sans sentiment, pas de mémoire.
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
L’exemple le plus célèbre d’un mémorial réussi se trouve à Berlin. Ce sont de simples pavés dorés, créés par un artiste dans les années 1990 et disséminés devant les entrées d’immeuble où habitaient les victimes des nazis. Les noms de ces dernières étant gravés sur chaque pavé en laiton, les passants qui les découvrent par hasard s’interrogent sur leur signification. Leur réflexion leur fait comprendre qu’ils correspondent à des victimes qui habitaient là, à l’endroit même où ils se trouvent. Par ce cheminement de pensée, les passants deviennent eux-mêmes acteurs du mémorial et porteur d’une mémoire.

A Paris, le lieu dédié aux victimes du 13-Novembre requiert lui aussi une participation des visiteurs qui sont invités à s’y promener. Le jardin mémoriel est en effet conçu comme un plan de quartier parisien avec des allées de tailles différentes, représentant des rues étroites ou des avenues, conduisant à des stèles qui symbolisent les six lieux des attaques : le Stade de France ; le Carillon et Le Petit Cambodge ; La Bonne bière et Le Casa Nostra ; La Belle équipe, le Comptoir Voltaire ; le Bataclan.

Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
On parcourt ce jardin dans l’ordre que l’on veut – il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur – mais le visiteur doit se rendre d’un point à une autre pour atteindre chaque stèle. Il se déplace dans ce « plan de quartier » et, ce faisant, il a le temps de revivre l’interminable soirée 13-Novembre. Pendant sa déambulation, sa mémoire chemine et des souvenirs remontent. Voici que le visiteur mène une expérience. Par son action, il devient un acteur du processus mémoriel.
© Le Marais Mood
Calme, esthétique et propice au recueillement, le jardin du 13-Novembre possède aussi – curieux paradoxe – une dimension quasi ludique : des enfants peuvent jouer à se perdre dans ce labyrinthe d’allées sans savoir ni comprendre ce qu’elles représentent. Mais ce contraste entre l’innocence de l’enfance et la terreur semée voilà dix ans porte en elle-même une espérance. C’est l’idée que la vie continue. Disons-le simplement sans aller plus loin : malgré la douleur à vif des rescapés mais aussi des proches des victimes et de l’ensemble des Parisiens, ce jardin du souvenir est une réussite.

Jardin du 13 novembre 2015
Place Saint-Gervais, 75004 Paris

Texte : Axel G

09.11.25

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