Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Jean qui rit, vers 1808-1810. Huile sur toile, 21,5 x 17 cm. Collection particulière © Guillaume Benoît.

Petit bijou de musée curieusement méconnu – en un sens, tant mieux pour nous ! – le musée Cognacq-Jay inaugure une exposition stimulante consacrée à l’un des artistes français les plus méconnus du 18e siècle : Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Virtuose, prolifique et inclassable, cet autodidacte s’impose à titre posthume comme l’un des meilleurs chroniqueurs du Paris populaire, de ses rues, ses habitants, son effervescence.

Originaire du Nord de la France, Boilly débarque à Paris à l’âge de 24 ans en 1785, avec pour tout bagage ses pinceaux et un talent immense. D’une révolution à l’autre (1789 et 1848), il devient, pendant six décennies, le chroniqueur facétieux, précis et prolifique de la capitale, qui le fascine.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Deux jeunes amies qui s’embrassent, vers 1789-1793. huile sur toile, 42,5 x 35 cm. Wiltshire, The Ramsbury Foundation © The Ramsbury Manor Foundation

Désintéressé par la grande histoire, il se focalise sur les scènes de la vie ordinaire : l’arrivée d’une diligence de la poste du côté de l’actuelle place des Victoires, la cohue lors d’une distribution gratuite de vin à l’occasion de la fête du roi aux Champs-Élysées, la bousculade devant l’entrée du théâtre de l’Ambigu-Comique [aujourd’hui disparu] sur les Grands Boulevard ou encore des enfants assistant à un spectacle de Guignol.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Le spectacle ambulant de Polichinelle, 1832. Huile sur toile, 33 x 41 cm. Wiltshire, The Ramsbury Manor Foundation © The Ramsbury Manor Foundation.

Certains tableaux nous parlent directement du Marais ou de ses abords immédiats, comme cette huile de la prison pour femmes de la rue Meslay (3e) ou le théâtre de la porte Saint-Martin (10e). Vagabonds, policiers, portefaix, marchands ambulants, bourgeois, prostituées : toutes les strates de la société sont représentées dans ces images foisonnantes où l’artiste se représente lui-même, à la manière des apparitions d’Alfred Hitchcock dans ses films – on pense bien sûr, aussi, à la BD-jeu britannique Où est passé Charlie ?

Louis-Léopold Boilly (1761-1845), La marche incroyable, vers 1797. Huile sur panneau, 39,3 x 51 cm. Collection particulière © Guillaume Benoît.

Méconnue, originale et passionnante, l’œuvre de Boilly est présentée pour la première fois de manière aussi complète. L’exposition prolonge en quelque sorte le fameux Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier. Publié en 1788, cet ouvrage bien connu des amoureux de la capitale décrivait lui aussi dans le détail les mœurs et le quotidien des Parisiens. Touche-à-tout génial et caricaturiste formidable, Boilly a aussi largement influencé Honoré Daumier, peintre, sculpteur et caricaturiste né cinquante ans après lui (en 1808).

La conservatrice Annick Lemoine, dont c’est la dernière exposition avant de rejoindre le Petit Palais, termine en beauté ses quatre années à Cognacq-Jay. Et nous laisse en formidable compagnie avec ce sacré numéro que nous ne connaissions pas mais n’oublierons pas de sitôt : Louis-Léopold Boilly.

Boilly, chroniques parisiennes
Musée Cognacq-Jay
jusqu’au 26 juin 2022
8 Rue Elzevir, 75003 Paris

Ouvert tous les jours de 10h à 18h

Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Les grimaces, vers 1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Collection particulière © Guillaume Benoît.

Texte : Axel G.

17.02.22

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