Bar central, octobre 2010
Fermé en 2010, le bar Le Central était un des lieux les plus emblématique de la communauté LGBTQ+ de Paris. Situé au 33 rue Vieille du Temple, il a marqué la vie nocturne du Marais durant plus de trente ans. Petit retour sur l’histoire de ce lieu mythique.
Durant les années 70, le Marais était un quartier gris, industriel et beaucoup moins attractif qu’aujourd’hui. Les maisons y étaient insalubres, les rues mal éclairées et les commerces quasi inexistants à part quelques magasins de gros. C’est le faible niveau des loyers ainsi que l’inauguration du Centre Pompidou qui va inciter plusieurs commerçants à ouvrir leurs enseignes dans le quartier.
Ce n’est qu’en 1978 que le premier bar gay parisien ouvre ses portes, « Le Village » situé rue du Plâtre. Ses tarifs bas, son ambiance bon enfant et populaire avaient attiré dans le quartier de nombreux homos fuyant la rue Sainte-Anne, jugée élitiste et chère. L’établissement va avoir un grand succès et très vite, d’autres bars gays fleurissent dans le Marais.
Maurice McGrath, un ancien marin de la Royal Navy, rachète un vieil hôtel situé rue du Temple et le rénove en septembre 2010 pour en faire un hôtel et un bar. C’est la naissance du mythique « Central », comme il était surnommé à l’époque.
On y déploie le drapeau des fiertés et gays et alliés s’y retrouvent.. Cette forte attractivité et affluence va faire des rues Sainte Croix de la Bretonnerie et la rue Vielle du Temple les deux rues l’épicentre du quartier gay. Très vite, d’autres établissements gays voient le jour près du Central, tel que La librairie « Les Mots à la Bouche », le bar « Le Subway » ou encore le coffee-shop « l’Avatic ».
Après trente ans d’exercice, Maurice McGrath est contraint de prendre sa retraite pour des questions de santé et laisse un mot sur la vitrine remerciant ses clients pour plus de 30 ans de fidélité. Le 9 octobre 2010, une foule où se mêlent anciens et nouveaux clients est réunie pour prendre un verre en hommage au dernier jour du mythique Central.
La bijouterie Thomas Sabo, juin 2022
Aujourd’hui, l’hôtel a laissé place à une luxueuse boutique de bijoux : Thomas Sabo. Si l’hôtel n’a pas pu résister à la gentrification qui touche le quartier depuis plusieurs années, il restera pour beaucoup l’emblème de la transformation du Marais en quartier progressiste et gay-friendly.
Texte : Morgane Joulin
17.06.22