Avocate associée dans un grand cabinet, cette Parisienne a préféré rester confinée dans le Marais plutôt que de quitter la capitale.
Pourquoi avoir choisi de rester à Paris ?
Parce que ce n’était pas envisageable pour moi. Afin d’être sereine, j’ai besoin d’avoir mes affaires, mes livres avec moi. De plus, j’ai un petit garçon de neuf ans et je pense que lui aussi a besoin de ses jouets, de ses habitudes.
Une amie m’a proposé de la rejoindre dans sa maison de campagne, à une heure de Paris, avec un enfant du même âge que le mien. Mais cela ne m’emballait pas. Aller chez des amis, rester chez eux quinze ou trente jours, sans but précis, me semblait vain.
Par-dessus le marché, mon fils avait tous les symptômes d’une grippe : je ne me voyais pas prendre le train avec lui qui avait 39°, au risque de contaminer des gens.
Près de 80% des gens de mon cabinet sont partis rejoindre des proches en province, peut-être sans réfléchir au fait qu’ils pouvaient apporter chez leurs parents âgés le virus. La dernière fois que j’ai vu un tel « mouvement de fuite », c’était lors du deuxième week-end de la venue des gilets jaunes à Paris.
En tout cas, je ne leur jette pas la pierre. Certains de nos plus jeunes collaborateurs vivent dans une dizaine ou vingtaine de mètres carrés.
Cet « exode » est certainement dû au fait que beaucoup de Parisiens sont des provinciaux.
Si j’habitais dans un petit appartement ou si je possédais une maison de campagne, j’aurais sans doute pensé à m’y rendre. Mais j’ai tellement peu de temps pour moi à Paris que j’ai ressenti le besoin de profiter de ces journées de confinement pour travailler mais aussi pour ranger, lire, prendre du temps, profiter des miens.
Comment vous organisez-vous ?
Je me lève tôt, je bosse beaucoup moins qu’au bureau… mais trop par rapport à ce que je voudrais ! Par mesure de précaution, je traite toutes mes urgences de boulot maintenant, au cas où je tomberais malade. Je fais des mails à mes clients et aux équipes pour partager des infos et pour les rassurer.
Je suis interrompue toutes les minutes, par les enfants, par les alertes des sites d’information car je reste connectée. Mais en réalité, j’aimerais cuisiner, lire ma pile de bouquins.
Mon seul regret : je voulais m’acheter un vélo d’appartement avant l’annonce du confinement, mais j’ai hésité. Dommage.
Quels sont les côtés positifs de ce confinement ?
Nous avons accueilli ma nounou et sa fille car elles habitent dans un appartement minuscule. Du coup, nous vivons à sept, avec mon mari, mes fils de neuf et dix-neuf ans, et ma fille aînée de vingt et un ans. Nous faisons des choses que nous ne faisions pas d’habitude : mon plus jeune fils a fait un Facetime avec un copain. Une grande première !
J’observe aussi chez mes clients et associés des échanges plus bienveillants, un élan plus sincère. Beaucoup de mes clients sont inquiets. Certains disent que tout repartira seulement en septembre.
J’imagine aussi que certains en profiteront pour se mettre davantage au télétravail et à l’intelligence artificielle. Certaines entreprises s’y mettaient lentement. Cela va accélérer le mouvement, ce qui n’est pas forcément positif.
Économiquement, ce sera sûrement un désastre pour moi. Je ne vais pas être payée pendant un bon moment. Mais d’un autre côté, je me dis que de toutes les crises les êtres humains sortent quelque chose qui rend le monde meilleur. Rêvons et réinventons notre société.
Texte : Katia Barillot
31.03.20
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Avec ses lunettes XXL qui encadrent un regard pénétrant, Sara Arrhenius a un pur look de critique d’art, à moins que cela soit celui d’une galeriste branchée ou d’une femme de lettres. Normal : la nouvelle directrice de l’Institut suédois a été successivement tout cela, comme en témoigne son CV fourni.
Pour ou contre les trottinettes ?
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L’avez-vous vu ce nouveau lieu hybride, à la fois table « trendy », salon de thé « cosy » et librairie « arty » ? Quelque part dans la foisonnante rue Beaubourg, entre Centre Pompidou et Arts-et-Métiers, L’Inaperçu a surgi, en mars, sans crier gare ni faire de bruit.
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